Le Poids Comme Messager : Pourquoi Vouloir Maigrir pour "Aller Mieux" est Souvent une Impasse
Le Poids Comme Messager : Pourquoi Vouloir Maigrir pour "Aller Mieux" est Souvent une Impasse
Introduction : La Métaphore du Bateau dans la Tempête
Imaginez un instant : vous êtes dans un bateau qui traverse une violente tempête. Les vagues déferlent, le vent hurle, la coque se fissure progressivement sous la pression des éléments. L'eau commence à s'infiltrer par les brèches. Face à cette situation, vous saisissez un seau et vous commencez à écoper frénétiquement, convaincu que vider l'eau du bateau résoudra tous vos problèmes.
Mais attendez. Est-ce vraiment la priorité ?
Bien sûr, l'eau dans le bateau est un problème réel. Elle vous alourdit, elle monte progressivement, elle pourrait éventuellement vous faire couler. C'est un danger tangible, visible, mesurable. On comprend pourquoi votre premier réflexe serait de l'évacuer au plus vite.
Pourtant, la vraie question n'est-elle pas plutôt : comment sortir de cette tempête ? Comment réparer cette coque brisée ? Comment retrouver des eaux calmes ? Car tant que la tempête fait rage, tant que la coque reste fissurée, vous pourrez écoper pendant des heures – l'eau continuera d'entrer. Vous vous épuiserez, vous aurez peut-être l'impression de progresser par moments, mais inexorablement, le niveau remontera.
Cette métaphore résume parfaitement ce que j'observe quotidiennement dans mon cabinet de diététique à Paris depuis plus de quinze ans. Des personnes viennent me voir avec un objectif apparemment clair, souvent répété par leur entourage, leurs médecins, les magazines, les réseaux sociaux : perdre du poids pour aller mieux. "Si seulement je perdais ces 10, 15, 20 kilos, tout irait mieux", me dit-on. "Je retrouverais confiance en moi." "Je serais en meilleure santé." "Je pourrais enfin vivre ma vie."
Pourtant, dans l'immense majorité des cas – et je pèse mes mots car j'ai accompagné des centaines de personnes dans cette situation –, leur prise de poids n'est pas le problème. C'est le symptôme. C'est l'eau qui s'accumule dans le bateau, pas la tempête elle-même. C'est la manifestation visible d'un ou plusieurs déséquilibres invisibles, souvent ignorés, parfois même niés.
Comprendre cette distinction fondamentale peut transformer radicalement votre rapport à votre corps, à votre alimentation, et surtout, à votre guérison. Cela peut vous éviter des années d'errances douloureuses, de cycles de régimes infructueux, de culpabilité paralysante. Cela peut vous ouvrir la porte vers une autre voie, moins médiatisée, moins spectaculaire, mais infiniment plus efficace à long terme.
Le Poids Comme Langage : Quand le Corps Parle
Votre Corps N'est Pas Votre Ennemi
Notre société est profondément grossophobe et orthorexique. Ces deux mots ne sont pas des jugements moraux, ce sont des diagnostics sociologiques précis. La grossophobie systémique – cette discrimination institutionnalisée envers les personnes grosses – imprègne tous les aspects de notre vie. Des cabinets médicaux où l'on vous prescrit un régime avant même de vous examiner, aux médias qui bombardent nos écrans d'images de corps retouchés, en passant par nos conversations quotidiennes où "j'ai pris 2 kilos" appelle automatiquement des condoléances.
L'orthorexie collective, elle, a transformé chaque bouchée en test moral. Manger n'est plus un acte simple de nutrition et de plaisir – c'est devenu un champ de bataille où s'affrontent le "bon" et le "mauvais", le "propre" et le "sale", le vertueux et le coupable. Cette obsession de l'alimentation "pure" crée une anxiété permanente qui paradoxalement nuit gravement à notre santé.
Ensemble, ces deux phénomènes nous ont appris à voir le poids "en excès" comme un ennemi à combattre, un échec personnel, une faiblesse de caractère. On nous a enseigné que notre corps nous "trahit", qu'il faut le "contrôler", le "dompter", le "discipliner". Le langage guerrier n'est pas anodin : il révèle une relation fondamentalement antagoniste à notre propre organisme.
Cette vision est non seulement fausse d'un point de vue scientifique, elle est également profondément dangereuse pour votre santé physique et mentale. En réalité, votre corps est un système d'une intelligence extraordinaire, forgée par des millions d'années d'évolution, qui fait constamment de son mieux pour vous protéger et vous maintenir en vie dans l'environnement où vous vous trouvez.
Votre corps n'est pas stupide. Il n'est pas paresseux. Il ne vous sabote pas. Au contraire : chaque mécanisme physiologique, même ceux qui vous semblent problématiques, répond à une logique adaptative. Quand votre corps prend du poids, il ne vous "trahit" pas – il vous parle. Il vous dit : "Attention, quelque chose ne va pas dans mon environnement interne ou externe, et je dois m'adapter pour survivre."
La question devient donc : qu'est-ce que mon corps essaie de me dire ? Plutôt que : comment puis-je le faire taire ?
Les Multiples Visages de la Souffrance Corporelle
La prise de poids peut être la manifestation visible de nombreux déséquilibres invisibles. Comprendre que votre poids est un symptôme et non une cause est la première étape vers une véritable guérison. C'est aussi souvent la plus difficile, tant on nous a martelé le contraire.
Laissez-moi vous raconter une histoire qui illustre parfaitement ce point. Sophie (prénom modifié) est venue me voir il y a quelques années. Elle avait pris 18 kilos en trois ans. Dix-huit kilos qui l'obsédaient, qui l'empêchaient de dormir, qui coloraient chacune de ses pensées. Elle avait essayé cinq régimes différents. Chaque fois le même schéma : perte rapide de 5-8 kilos, puis plateau, puis reprise progressive avec bonus. À chaque échec, sa culpabilité s'intensifiait.
Lors de notre première consultation, je ne lui ai pas demandé ce qu'elle mangeait. Je lui ai demandé comment elle vivait. Et là, l'histoire a commencé à se dévoiler : un divorce difficile trois ans auparavant (tiens, tiens), un nouveau poste avec des responsabilités écrasantes, un sommeil catastrophique de 4-5 heures par nuit, un isolement social progressif parce qu'elle "avait honte de son corps". Sophie ne souffrait pas d'un problème de poids. Elle souffrait d'un traumatisme non résolu, d'un épuisement professionnel naissant, d'une dette de sommeil chronique, et d'un isolement social anxiogène. Ses 18 kilos étaient la réponse logique de son organisme à cette tempête parfaite.
Voici les principaux visages que peut prendre cette souffrance :
Souffrance Émotionnelle et Psychologique : Le Corps Sous Haute Tension
Notre système nerveux autonome n'a pas été conçu pour la vie moderne. Il a été optimisé pour des menaces ponctuelles et physiques – le prédateur qui surgit, la tribu rivale qui attaque – suivies de longues périodes de calme relatif. Aujourd'hui, nous vivons dans un état de stress chronique de basse intensité : les notifications incessantes, les deadlines qui s'accumulent, les nouvelles anxiogènes, l'insécurité économique, les injonctions contradictoires sur comment il faudrait vivre, manger, être.
Le stress chronique n'est pas juste "dans votre tête". C'est un état physiologique très concret. Lorsque vous vivez dans un état de stress permanent, votre corps sécrète du cortisol en continu. Cette hormone, absolument essentielle en situation d'urgence, devient toxique lorsqu'elle est élevée de façon chronique. Elle modifie profondément votre métabolisme de plusieurs façons :
D'abord, elle augmente votre appétit, particulièrement pour les aliments denses en énergie – sucres et graisses. Ce n'est pas de la gourmandise, c'est de la biologie : votre corps anticipe qu'il va avoir besoin d'énergie pour affronter la menace. Ensuite, elle favorise le stockage des graisses, particulièrement au niveau abdominal, créant ce qu'on appelle l'obésité abdominale ou viscérale. Enfin, elle perturbe vos signaux de faim et de satiété, rendant difficile l'écoute de vos besoins réels.
J'observe régulièrement en consultation que les troubles du comportement alimentaire émergent souvent dans des contextes de stress intense. Ce n'est pas une coïncidence. Le stress chronique et les dysfonctionnements alimentaires partagent des mécanismes neurobiologiques communs.
Les traumatismes non résolus créent une autre forme de prise de poids particulièrement incomprise. Les recherches en psychotraumatologie, notamment les travaux révolutionnaires de Bessel van der Kolk, montrent que les traumatismes – qu'ils soient uniques et massifs ou répétés et insidieux – s'inscrivent dans le corps. Le corps se souvient, même quand l'esprit conscient préfère oublier.
La prise de poids peut alors devenir une armure protectrice inconsciente. J'ai accompagné de nombreuses personnes qui, en explorant leur histoire, ont réalisé que leur prise de poids avait débuté précisément après un événement traumatique : agression sexuelle, violence conjugale, deuil brutal, accident grave. Le corps, dans sa sagesse défensive, a créé une barrière physique – une façon de prendre de la place, de se rendre "moins désirable" aux yeux d'agresseurs potentiels, de créer une distance avec un monde perçu comme dangereux.
Particulièrement chez les personnes ayant vécu des violences, cette dynamique peut être très forte. Le corps peut inconsciemment choisir de "prendre de la place" comme mécanisme de défense. Forcer une perte de poids sans traiter le traumatisme sous-jacent, c'est demander au corps de renoncer à sa protection. Il résistera, et il a raison de résister.
La dépression et l'anxiété modifient profondément votre neurochimie. Ces troubles de l'humeur ne sont pas de simples "coups de blues" qu'il suffirait de "surmonter avec de la volonté". Ce sont des maladies qui affectent vos hormones de la faim et de la satiété (leptine, ghréline, neuropeptide Y), votre motivation à bouger (via la dopamine et la sérotonine), et même votre capacité à percevoir correctement vos signaux corporels.
Le biais de négativité caractéristique de la dépression amplifie chaque "échec" alimentaire et minimise chaque progrès. Vous vous souvenez parfaitement de ce moment où vous avez "craqué" sur un paquet de biscuits, mais vous oubliez les vingt repas équilibrés de la semaine. Cette asymétrie cognitive renforce la spirale de culpabilité et de comportements compensatoires.
Souffrance Physiologique Cachée : Quand le Corps Dysfonctionne
Parfois, la tempête n'est pas émotionnelle mais physiologique. Des déséquilibres hormonaux, des inflammations chroniques, des troubles métaboliques peuvent créer des prises de poids qui résistent obstinément à toute tentative de régime – parce que le problème n'est pas alimentaire.
Les déséquilibres hormonaux sont des causes fréquentes et sous-diagnostiquées de prise de poids. Le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), par exemple, touche 10% des femmes en âge de procréer mais reste souvent non diagnostiqué pendant des années. Cette condition crée une résistance à l'insuline, des niveaux élevés d'androgènes, et souvent des compulsions alimentaires intenses, particulièrement vers les glucides. Les femmes atteintes de SOPK me disent souvent : "Les médecins me disent de perdre du poids pour améliorer mon SOPK, mais c'est justement mon SOPK qui rend la perte de poids impossible !" Elles ont raison. C'est un cercle vicieux qu'il faut briser en traitant d'abord la cause hormonale.
L'hypothyroïdie ralentit le métabolisme de façon significative. Même avec une alimentation modérée, une personne avec une thyroïde sous-active prendra du poids. Le syndrome de Cushing, caractérisé par des niveaux élevés de cortisol, crée une prise de poids très spécifique, souvent au niveau du tronc. Les troubles hormonaux liés à la ménopause – cette transition massive qui affecte toutes les femmes – modifient profondément la composition corporelle et le métabolisme.
De même, le trouble dysphorique prémenstruel (TDPM) peut créer des compulsions alimentaires cycliques intenses, souvent mal comprises et étiquetées à tort comme un "manque de volonté". C'est en réalité une fluctuation hormonale qui modifie temporairement mais drastiquement l'appétit et les préférences alimentaires.
L'inflammation chronique est un autre facteur majeur mais largement négligé. Des conditions comme l'endométriose – qui affecte une femme sur dix mais prend en moyenne sept ans à être diagnostiquée –, les maladies auto-immunes comme la maladie de Hashimoto ou la polyarthrite rhumatoïde, le lipœdème (une accumulation pathologique de graisse douloureuse, souvent confondue avec de l'obésité "simple"), ou les troubles digestifs chroniques comme le syndrome de l'intestin irritable ou les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin créent un état inflammatoire systémique.
Cette inflammation perturbe profondément le métabolisme de multiples façons : elle induit une résistance à l'insuline, elle modifie les signaux de faim et de satiété, elle favorise le stockage des graisses, elle réduit la dépense énergétique. Une personne en état d'inflammation chronique peut manger exactement la même chose qu'une personne sans inflammation et prendre du poids là où l'autre n'en prendra pas. Ce n'est pas une question de volonté, c'est une question de physiologie.
Les troubles du sommeil méritent une attention particulière tant leur impact est sous-estimé. Le manque de sommeil ou sa mauvaise qualité perturbent les hormones régulatrices de l'appétit – la leptine (qui signale la satiété) diminue, la ghréline (qui stimule la faim) augmente. Concrètement, après une nuit de mauvais sommeil, vous aurez plus faim, vous serez attiré vers des aliments plus caloriques, et vous vous sentirez rassasié moins facilement.
Le sommeil joue aussi un rôle crucial dans la régulation de la glycémie. Le manque de sommeil chronique augmente la résistance à l'insuline, créant un terrain favorable au diabète de type 2 et à la prise de poids. Une étude a montré que quatre nuits de restriction de sommeil (4h30 par nuit) suffisaient à induire une résistance à l'insuline comparable à celle observée dans le diabète de type 2.
Les médications constituent un facteur souvent ignoré mais majeur. De nombreux médicaments ont pour effet secondaire une prise de poids significative : les antidépresseurs (particulièrement les tricycliques et certains ISRS), les antipsychotiques (olanzapine, rispéridone), les stabilisateurs de l'humeur (lithium, valproate), les corticoïdes prescrits pour l'asthme ou les maladies auto-immunes, certains contraceptifs, les bêta-bloquants pour l'hypertension, certains médicaments contre le diabète (insuline, sulfonylurées).
Cette réalité est rarement discutée honnêtement avec les patients. On leur prescrit un médicament pour leur santé mentale ou physique, et six mois plus tard, quand ils ont pris 10 kilos, on leur dit qu'ils doivent "faire attention à leur alimentation". C'est d'une cruauté extraordinaire. Ces personnes se retrouvent à culpabiliser pour quelque chose qui échappe largement à leur contrôle, et pire, elles doivent choisir entre leur santé mentale (en prenant le médicament) et leur bien-être corporel (en évitant la prise de poids).
Souffrance Sociale et Systémique : Le Poids de la Précarité
La dimension sociale de la prise de poids est systématiquement minimisée dans notre discours sur l'"obésité", qui préfère pointer du doigt les choix individuels plutôt que les structures oppressives.
La précarité et l'insécurité alimentaire créent des conditions métaboliques spécifiques. Lorsque l'accès à une alimentation de qualité est limité par des contraintes financières – et en France en 2025, des millions de personnes sont dans cette situation –, le corps s'adapte. Il devient plus efficace dans le stockage des ressources disponibles, anticipant les périodes de manque. Cette adaptation, appelée "thrifty phenotype" (phénotype économe) en recherche, est une réponse évolutive à l'insécurité nutritionnelle.
La corrélation entre précarité économique et poids élevé n'est pas un hasard ni une question de "mauvais choix". C'est une adaptation métabolique à l'insécurité. Les aliments les moins chers sont généralement les plus denses en calories et les moins nutritifs. Quand votre budget alimentaire est de 3€ par jour, vous optimisez pour les calories, pas pour la qualité nutritionnelle. Juger ces choix depuis une position de privilège économique est d'une violence inouïe.
Les rythmes de travail destructeurs sont une autre forme de violence sociale. Les horaires décalés, le travail de nuit, le manque de pauses pour manger correctement, les temps de transport excessifs, la charge mentale qui vous fait manger devant l'ordinateur en continuant de travailler – tout cela dérègle profondément les rythmes circadiens et le métabolisme.
Vos hormones métaboliques sont régulées par des horloges biologiques. Quand vous mangez à des heures irrégulières, quand vous dormez en décalage avec votre horloge naturelle, quand vous êtes exposé à la lumière artificielle tard le soir, ces horloges se désynchronisent. Les conséquences sur le métabolisme sont massives. Même les athlètes qui suivent des entraînements intensifs sans accompagnement nutritionnel adapté peuvent développer des dysfonctionnements métaboliques similaires, comme je l'observe dans ma pratique de diététique du sportif.
L'isolement social est un facteur de stress majeur profondément lié à notre neurobiologie. Nous sommes des animaux sociaux. Notre système nerveux est câblé pour la connexion. L'isolement déclenche les mêmes circuits neuronaux que la douleur physique. Cette souffrance affecte directement notre relation à l'alimentation et notre métabolisme.
La solitude chronique augmente les niveaux de cortisol, réduit la qualité du sommeil, favorise les comportements alimentaires compensatoires. Manger devient l'un des rares plaisirs accessibles, l'un des rares moments de réconfort dans une existence émotionnellement aride. L'impact sur la famille et les proches crée souvent des cercles vicieux d'incompréhension mutuelle et de souffrance partagée, où chacun se sent impuissant.
L'Impasse de la Solution Inversée
Écoper Ne Répare Pas la Coque
Revenons à notre métaphore du bateau, parce qu'elle éclaire un point crucial. Tant que vous êtes encore dans la tempête, tant que la coque reste brisée, écoper ne servira qu'à une chose : vous épuiser. Vous pourrez vider de l'eau pendant des heures avec l'énergie du désespoir, persuadé que vous progressez à chaque seau évacué. Mais elle continuera de rentrer au même rythme, voire plus vite si vous vous épuisez au point de ne plus pouvoir maintenir vos autres défenses.
Pire : l'acte même d'écoper frénétiquement vous empêche de faire ce qui pourrait vraiment vous sauver. Vous avez les mains occupées, le regard rivé sur l'eau qui monte, l'esprit entièrement absorbé par cette tâche sisyphéenne. Vous ne pouvez pas regarder l'horizon pour trouver un refuge. Vous ne pouvez pas réparer la coque. Vous ne pouvez pas même évaluer correctement votre situation, tant l'urgence apparente de l'eau vous aveugle.
C'est exactement ce qui se passe quand vous tentez de perdre du poids sans vous occuper des causes sous-jacentes de sa prise. L'industrie des régimes – qui génère plus de 360 milliards de dollars annuellement dans le monde – a tout intérêt économique à ce que vous restiez dans ce cycle d'échec et de culpabilité. Chaque échec vous renvoie vers un nouveau régime, un nouveau programme, une nouvelle promesse. C'est un business model extraordinairement lucratif fondé sur un taux d'échec de 95%.
Le Cercle Vicieux des Régimes Restrictifs
Permettez-moi de décrire précisément ce qui se passe dans votre corps quand vous entamez un régime restrictif. Parce que comprendre la physiologie aide à se libérer de la culpabilité.
Phase 1 : La Restriction Vous réduisez drastiquement votre alimentation, souvent influencé par des mythes comme l'addiction au sucre ou d'autres narratives simplistes. Vous passez de, disons, 2200 calories par jour à 1200 calories. Vous éliminez des groupes d'aliments entiers. Vous comptez, pesez, mesurez. Vous êtes motivé, déterminé. Les premiers jours sont difficiles mais vous tenez bon.
Phase 2 : Le Stress Physiologique Votre corps, qui n'a aucune idée que vous faites un "régime" volontaire, interprète cette restriction comme une famine. Pour lui, c'est une situation de survie. Il active des mécanismes ancestraux extrêmement puissants qui ont permis à nos ancêtres de survivre pendant les périodes de disette. Votre hypothalamus, cette région du cerveau qui régule l'homéostasie, déclenche une cascade de réponses adaptatives.
Phase 3 : Le Ralentissement Métabolique Votre métabolisme de base – l'énergie que vous dépensez au repos – diminue. Des études ont montré que cette diminution va bien au-delà de ce qu'on attendrait simplement par la perte de poids. C'est ce qu'on appelle "l'adaptation métabolique" ou "metabolic adaptation". Votre corps devient plus efficace, brûlant moins de calories pour les mêmes fonctions. Votre température corporelle peut baisser légèrement. Vous vous sentez plus fatigué, avez moins envie de bouger spontanément (on appelle ça la NEAT – Non-Exercise Activity Thermogenesis – qui diminue).
Phase 4 : L'Explosion de l'Appétit Vos hormones de la faim s'emballent. La ghréline, l'hormone qui stimule l'appétit, augmente dramatiquement. La leptine, qui signale la satiété, diminue. La recherche du Dr Sumithran en Nouvelle-Zélande a montré que ces changements hormonaux persistent pendant au moins un an après la perte de poids. Concrètement, vous avez beaucoup plus faim qu'avant, et vous êtes rassasié moins facilement.
Votre cerveau augmente aussi la récompense associée à la nourriture. Les études en neuro-imagerie montrent que chez les personnes en restriction, les zones cérébrales associées à la récompense s'activent beaucoup plus intensément en réponse aux images d'aliments, particulièrement les aliments denses en énergie. La nourriture devient obsédante. Vous y pensez constamment.
Phase 5 : Les Crises et Compensations Inévitablement – et j'insiste sur ce mot, inévitablement – vous finissez par "craquer". Ce n'est pas un manque de volonté. C'est de la biologie. Votre corps, face à ce qu'il perçoit comme une menace vitale, déclenche des pulsions alimentaires irrépressibles. Cela peut prendre la forme de crises d'hyperphagie où vous mangez rapidement de grandes quantités de nourriture, ou de boulimie avec des mécanismes compensatoires comme les vomissements ou l'exercice excessif.
Souvent, ces crises ne sont même pas vécues comme du plaisir. C'est mécanique, dissocié, compulsif. Vous mangez au-delà de tout inconfort physique. Vous vous entendez dire "arrête" mais vous ne pouvez pas. Ce n'est pas parce que vous êtes faible. C'est parce que des circuits neuronaux anciens de survie ont pris le dessus sur votre cortex préfrontal.
Phase 6 : La Culpabilité Toxique Après la crise vient le tsunami de culpabilité et de honte. Vous vous en voulez terriblement. Vous vous dites que vous êtes pathétique, sans volonté, que vous ne méritez pas de réussir. Le biais de négativité fait que vous oubliez tous les jours où vous avez "tenu" et ne retenez que cet "échec".
Cette honte renforce le stress émotionnel initial – celui qui avait peut-être contribué à la prise de poids en premier lieu. Vous vous isolez socialement parce que vous avez "honte de ne pas avoir de volonté". L'isolement augmente le stress, qui augmente le cortisol, qui favorise le stockage des graisses et les compulsions alimentaires. Le cercle est bouclé.
Phase 7 : La Reprise de Poids Amplifiée Votre corps, qui a vécu cette restriction comme un traumatisme, fait ce que font les organismes traumatisés : il sur-compense. Il devient encore plus efficace dans le stockage. Il reconstitue ses réserves avec zèle. Des études montrent que 66% des personnes qui font un régime reprennent non seulement le poids perdu, mais davantage.
Ce n'est pas votre faute. C'est que votre corps, maintenant "échaudé", se prépare à la prochaine famine. Il a appris que les ressources peuvent disparaître brutalement. Il stocke préventivement. C'est de l'intelligence adaptative, pas de la bêtise.
Phase 8 : La Nouvelle Tentative, Plus Désespérée Le cycle recommence, souvent avec un poids de départ plus élevé et un métabolisme encore plus ralenti. Chaque tentative devient plus difficile. Vous vous dites qu'il faut juste "être plus strict cette fois", "avoir plus de volonté". Vous essayez un régime encore plus restrictif, encore plus radical. Le cycle s'intensifie.
Ce phénomène s'appelle restriction cognitive ou restraint eating dans la littérature scientifique. Il a été documenté depuis les années 1970. Les approches transdiagnostiques modernes reconnaissent que ce pattern de restriction-compensation est au cœur de la plupart des troubles alimentaires, de l'anorexie à l'hyperphagie en passant par la boulimie.
La Violence Auto-Infligée : Utiliser le Violentomètre
Il existe un outil que j'utilise parfois en consultation pour aider les personnes à prendre conscience de l'escalade progressive de violence qu'elles exercent sur elles-mêmes. C'est une adaptation du violentomètre – cet outil utilisé habituellement pour identifier les violences dans les relations de couple – appliqué à notre relation à nous-mêmes et à notre alimentation.
Imaginez une échelle de couleur, du vert au violet, représentant l'intensité croissante de la violence que vous vous infligez :
Niveau vigilance (vert) : Pensées occasionnelles sur votre alimentation ou votre apparence. "J'ai peut-être un peu trop mangé aujourd'hui." C'est banal, normal, pas inquiétant en soi.
Niveau attention (jaune) : Culpabilité régulière après certains repas. Vous commencez à éviter certaines situations sociales impliquant de la nourriture. Vous vous pesez quotidiennement, votre humeur dépend du chiffre. C'est un signal d'alerte précoce.
Niveau alerte (orange) : Obsessions alimentaires qui occupent une part significative de vos pensées quotidiennes. Évitement social marqué. Règles alimentaires rigides qui interfèrent avec votre vie. Les symptômes de troubles alimentaires deviennent visibles. Une intervention professionnelle est recommandée à ce stade.
Niveau danger (rouge) : Cycles de restriction/compulsion qui affectent votre santé physique et mentale. Compensation après avoir mangé (vomissements, exercice excessif, laxatifs). Isolement social important. Détresse psychologique majeure. Aide professionnelle urgente nécessaire.
Niveau urgence (violet) : Risque vital. Dénutrition sévère, complications médicales, pensées suicidaires. Hospitalisation souvent nécessaire.
En choisissant de vous concentrer uniquement sur la perte de poids sans traiter les causes systémiques, vous montez progressivement sur cette échelle. Vous amplifiez le stress au lieu de le réduire. Vous négligez la guérison au profit du symptôme. Vous renforcez la honte qui alimente les comportements problématiques. Vous perpétuez un cycle qui, par définition, ne peut pas fonctionner tant que les causes restent actives.
C'est particulièrement visible chez les hommes souffrant de troubles alimentaires, population souvent invisible dont la souffrance est minimisée. Ou chez les hommes développant une bigorexie, cette obsession de la musculature qui est en réalité un trouble alimentaire et corporel déguisé sous des atours de "santé".
Comme je le partage souvent avec mes patients en consultation : "Essayer de maigrir pour aller mieux quand on est dans la tempête, c'est comme vouloir repeindre sa maison pendant qu'elle brûle." Vous pouvez choisir la plus belle couleur de peinture, vous y mettre avec la plus grande application – tant que les flammes consument les murs, votre effort est non seulement vain mais aussi dangereux car il vous empêche de vous occuper du vrai problème.
L'Approche Inversée : Prendre Soin de Soi pour Retrouver l'Équilibre
Sortir de la Tempête d'Abord
La bonne nouvelle – et elle est immense, je ne le dirai jamais assez – c'est qu'il existe une autre voie. Une voie moins médiatisée, moins spectaculaire, moins lucrative pour l'industrie des régimes, mais infiniment plus respectueuse de votre humanité et plus efficace à long terme.
Cette voie qui respecte votre corps, qui honore votre histoire, et qui a des chances réelles de vous mener vers un équilibre durable. C'est la voie de la rééducation alimentaire bienveillante, de la réconciliation avec soi, de la guérison systémique.
Cette approche consiste à inverser complètement le processus habituel :
Au lieu de : "Je vais perdre du poids pour me sentir mieux, et alors tous mes problèmes se résoudront"
Essayez : "Je vais prendre soin de moi pour aller mieux, traiter les causes de ma souffrance, et mon corps trouvera naturellement son équilibre optimal dans ce contexte de bien-être restauré"
Cette inversion peut sembler subtile, mais elle est révolutionnaire. Elle change tout : votre rapport à votre corps (de combatif à collaboratif), votre approche de l'alimentation (du contrôle à l'écoute), votre critère de succès (du chiffre sur la balance à la qualité de vie globale), et surtout, vos chances de réussite à long terme (de quasi nulles à excellentes).
Cette approche n'est pas un renoncement à aller mieux. C'est au contraire la stratégie la plus intelligente et la plus efficace, soutenue par des décennies de recherche clinique. C'est ce que démontrent les études sur la guérison des troubles alimentaires, même après des années de maladie. D'ailleurs, peut-on guérir après 10 ans de TCA ? La réponse est un oui retentissant, quand on traite les causes profondes et pas seulement les symptômes visibles.
Les Piliers du Prendre Soin : Une Architecture de la Guérison
1. Identifier et Traiter les Tempêtes : Le Diagnostic Systémique
Avant toute chose, il est essentiel d'identifier précisément les "tempêtes" qui secouent votre bateau. Ce travail d'investigation peut nécessiter l'aide de professionnels de santé formés aux approches non-diet et aux troubles alimentaires. Malheureusement, tous les professionnels ne sont pas également formés, et vous devrez peut-être chercher pour trouver ceux qui pratiquent une médecine et une psychologie vraiment bienveillantes.
Identifier les Tempêtes Émotionnelles
Consultez un psychologue, un psychiatre ou un psychothérapeute spécialisé pour traiter les traumatismes, la dépression, l'anxiété, ou tout autre trouble psychologique. Ces professionnels peuvent vous aider à comprendre et à guérir les blessures émotionnelles qui maintiennent votre corps en état d'alerte permanent.
Si vous êtes neurodivers – autiste (TSA), avec un TDAH, ou à haut potentiel intellectuel (HPI) –, un accompagnement spécialisé tenant compte de votre fonctionnement neurologique spécifique est particulièrement important. Les approches standard peuvent être inadaptées voire contre-productives. La neurodiversité interagit avec les troubles alimentaires de façons complexes qui nécessitent une expertise particulière.
Les thérapies peuvent prendre différentes formes : thérapie cognitivo-comportementale (TCC), thérapie d'acceptation et d'engagement (ACT), EMDR pour les traumatismes, thérapie systémique, psychanalyse – différentes approches fonctionnent pour différentes personnes. L'important est de trouver un thérapeute avec qui vous vous sentez en sécurité et compris.
Identifier les Tempêtes Physiologiques
Faites un bilan médical complet avec des professionnels qui ne réduisent pas tous vos symptômes à votre poids. Vérifiez :
Vos hormones thyroïdiennes (TSH, T3, T4, anticorps anti-TPO)
Votre glycémie et votre hémoglobine glyquée (HbA1c)
Votre statut en vitamine D (carences très fréquentes)
Votre fonction surrénalienne
Votre bilan hormonal complet si vous êtes une femme
Traitez les conditions sous-jacentes comme :
Le SOPK avec un endocrinologue qui comprend cette condition complexe
L'endométriose qui nécessite souvent une prise en charge multidisciplinaire
Le lipœdème, trop souvent confondu avec de l'"obésité" alors que c'est une accumulation pathologique douloureuse de tissu adipeux qui ne répond pas aux régimes
Le diabète, qu'il soit de type 1, 2 ou gestationnel
Si vous êtes enceinte ou en post-partum, un suivi spécialisé est absolument crucial. La grossesse et le post-partum sont des périodes de vulnérabilité particulière pour les troubles alimentaires, et votre santé mentale est aussi importante que votre santé physique pour vous et votre bébé.
Identifier les Tempêtes Sociales
Si votre environnement de travail est toxique, si vos relations sont abusives, si vos conditions de vie sont précaires, ces facteurs doivent être adressés même s'ils semblent "non médicaux". Votre environnement social fait partie intégrante de votre santé.
L'impact sur la famille et les proches est considérable et doit être pris en compte. Parfois, une thérapie familiale peut être extrêmement bénéfique. Les troubles alimentaires n'existent pas dans un vide – ils se développent et se maintiennent dans un contexte relationnel.
2. Réparer la Coque : Restaurer Vos Fondations Biologiques
Une fois les tempêtes identifiées, il faut réparer les dégâts selon une approche que j'appelle diététique éthique – une pratique qui met le bien-être et le respect de la personne au centre, pas le chiffre sur la balance.
Le Sommeil : Le Chantier Naval de Votre Corps
Le sommeil n'est pas un luxe, c'est une nécessité biologique absolue. C'est pendant le sommeil que votre corps se répare au niveau cellulaire, que vos hormones se rééquilibrent, que votre cerveau consolide ses apprentissages et traite les émotions de la journée.
Priorisez 7-9 heures de sommeil de qualité. Cela peut sembler impossible au début, surtout si vous avez pris l'habitude de grignoter sur votre sommeil pour "avoir du temps pour vous". Mais c'est un investissement qui paie exponentiellement. Un bon sommeil améliore votre humeur, votre énergie, votre capacité de décision, et régule vos hormones de la faim.
Quelques stratégies concrètes :
Couchez-vous et levez-vous à heures régulières, même le week-end
Réduisez l'exposition aux écrans 1-2h avant le coucher
Créez un environnement propice : chambre fraîche, sombre, silencieuse
Évitez caféine et alcool le soir
Développez une routine de coucher relaxante
Le Mouvement Joyeux : Réconcilier Corps et Plaisir
Pas "faire du sport pour brûler des calories" ou "se punir d'avoir mangé". Pas de bootcamp militaire ni de "no pain no gain". Mais bouger d'une façon qui vous fait authentiquement du bien, qui vous fait vous sentir vivant, présent dans votre corps.
Si vous êtes sportif de haut niveau ou amateur sérieux, consultez un diététicien du sportif pour un accompagnement adapté qui optimise vos performances sans verser dans la restriction. Les athlètes sont paradoxalement à risque de troubles alimentaires précisément parce qu'on leur demande un contrôle corporel extrême.
Pour la plupart des gens, le mouvement bénéfique ressemble plutôt à :
Marcher dans la nature en écoutant les oiseaux
Danser dans votre salon sur votre musique préférée
Nager pour le plaisir de l'eau sur votre peau
Faire du vélo pour explorer votre quartier
Jardiner, bricoler, jouer avec vos enfants ou vos animaux
Tout mouvement qui vous apporte du plaisir, de la vitalité, un sentiment de connexion à votre corps est bénéfique. Le mouvement qui vous laisse épuisé, en douleur, ou rempli de culpabilité ne l'est pas.
La Nourriture Bienveillante : De l'Ennemi à l'Alliée
Adoptez une approche de rééducation alimentaire basée sur l'écoute de vos besoins réels plutôt que sur le contrôle externe. Cela signifie :
Régularité : Manger à intervalles réguliers (généralement 3-4 repas plus 1-2 collations) pour maintenir votre glycémie stable et éviter les crises de faim extrême
Variété : Inclure tous les groupes alimentaires, sans diabolisation
Suffisance : Manger assez pour nourrir réellement votre corps, pas le minimum que vous pouvez "tolérer"
Plaisir : Choisir des aliments qui vous font du bien physiquement ET émotionnellement
Flexibilité : S'adapter aux situations sociales, aux envies, aux besoins variables
Si vous avez des intolérances alimentaires ou allergies réelles, ne laissez pas ces contraintes nécessaires se transformer en orthorexie – cette obsession pathologique de l'alimentation "pure" qui finit par vous couper de la vie sociale et du plaisir.
Si vous êtes végétarien ou végétalien, assurez-vous d'un accompagnement nutritionnel qui respecte vos valeurs éthiques tout en garantissant que vos besoins physiologiques sont couverts. L'alimentation végétale peut être parfaitement saine, mais elle nécessite une attention particulière à certains nutriments (B12, fer, zinc, oméga-3, etc.).
Parfois, la rééducation alimentaire passe par des approches ludiques, comme jouer avec la nourriture dans un cadre thérapeutique. Cela peut sembler infantilisant dit comme ça, mais c'est en fait une façon puissante de se reconnecter sensoriellement à l'alimentation, de sortir du mental pour revenir dans le corps.
La Connexion Sociale : L'Antidote à l'Isolement
Cultivez des relations authentiques et soutenantes. L'isolement est un facteur majeur de dérégulation métabolique et de souffrance psychologique. Les humains sont des animaux sociaux – notre système nerveux se régule dans la connexion avec d'autres.
Partagez des repas avec des gens bienveillants. Riez. Créez du lien. L'impact sur la famille et les proches peut être transformateur quand la communication s'améliore et que les dynamiques dysfonctionnelles sont adressées.
Si vos relations actuelles sont toxiques, il peut être nécessaire de créer de la distance et de construire un nouveau réseau de soutien. Cela peut passer par des groupes de parole, des thérapies de groupe, des associations, des communautés en ligne bienveillantes.
3. Développer l'Immunité Profonde : Renforcer Votre Résilience
Comme je le développe dans mon livre "L'Immunité Profonde", il ne suffit pas de sortir de la tempête actuelle – il faut aussi renforcer votre bateau pour mieux résister aux futures intempéries inévitables de la vie. Cette approche holistique s'inspire d'ailleurs de la vision anthropologique de Claude Fischler qui reconnaît la complexité de notre rapport culturel à l'alimentation.
L'Immunité Biologique
Diversifiez votre alimentation pour nourrir votre microbiote intestinal
Respectez vos rythmes circadiens (horaires de sommeil et repas réguliers)
Gérez l'inflammation par une alimentation anti-inflammatoire
Soutenez vos systèmes de détoxification naturels
L'Immunité Psychologique
Développez votre esprit critique face aux messages toxiques sur les corps et l'alimentation qui saturent nos écrans
Pratiquez l'auto-compassion plutôt que l'auto-critique
Apprenez à identifier et nommer vos émotions
Construisez des stratégies de régulation émotionnelle qui ne passent pas par la nourriture
L'Immunité Sociale
Construisez un réseau de soutien bienveillant
Posez des limites claires avec les personnes ou contenus qui vous font du mal
Choisissez consciemment les influences que vous laissez entrer dans votre vie (réseaux sociaux, médias, etc.)
Engagez-vous dans des communautés qui partagent vos valeurs
L'Immunité Spirituelle (au sens large, pas nécessairement religieux)
Clarifiez vos valeurs profondes : qu'est-ce qui compte vraiment pour vous dans la vie ?
Créez des rituels significatifs qui vous ancrent
Trouvez du sens dans votre parcours, même dans la souffrance
Connectez-vous à quelque chose de plus grand que vous (nature, art, engagement social, etc.)
La Régulation Naturelle : Faire Confiance à la Sagesse de Votre Corps
Vous N'Êtes Pas une Machine à Contrôler
L'un des mensonges les plus pernicieux de notre époque hypermoderne est que notre corps serait une machine qu'il faudrait contrôler, dompter, forcer, reprogrammer. Que nous serions nous-mêmes notre propre ingénieur, avec la responsabilité de "gérer" notre corps comme on gère un logiciel défaillant. Cette métaphore mécaniste imprègne tout notre discours sur la santé : on parle de "calories entrantes vs calories sortantes" comme s'il s'agissait d'une simple équation comptable, de "métabolisme" qu'il faudrait "booster", de corps "qui ne fonctionnent pas bien" qu'il faudrait "réparer".
Rien n'est plus faux, et rien n'est plus dangereux.
Votre corps n'est pas une machine. C'est un écosystème vivant d'une sophistication extraordinaire, qui possède des mécanismes de régulation naturels développés et affinés sur des centaines de millions d'années d'évolution. Votre organisme sait réguler votre température, votre pH sanguin, votre glycémie, votre pression artérielle, votre équilibre hydrique, votre densité osseuse, et oui, votre poids, avec une précision que les meilleurs ingénieurs du monde ne peuvent qu'envier.
Ces mécanismes sont incroyablement efficaces et fiables... quand on les laisse fonctionner. Quand on leur fournit les conditions dont ils ont besoin. Quand on arrête de les saboter par le contrôle externe et la méfiance.
Les Mécanismes de Régulation Naturelle : Une Intelligence Ancestrale
L'Homéostasie Pondérale : Votre Corps Connaît Son Poids
Votre corps possède ce que les scientifiques appellent un "set point" ou "settling point" – une zone de poids naturel autour de laquelle il tend à se stabiliser quand les conditions sont optimales. Ce concept est parfois controversé, mais les données s'accumulent en sa faveur depuis des décennies.
Ce set point n'est pas le poids dicté par les magazines de mode, les influenceurs Instagram, ou les tableaux IMC simplistes affichés dans les cabinets médicaux. C'est le poids que votre génétique unique, votre histoire de vie (incluant votre vie in utero), votre composition corporelle, votre environnement, et votre état de santé global déterminent pour vous.
Ce poids peut être différent de ce que vous aimeriez peser. Il peut être dans une fourchette plus élevée que ce que notre société grossophobe considère comme "acceptable". Mais c'est le poids où votre corps fonctionne de façon optimale, où vos hormones sont équilibrées, où votre fertilité est préservée, où votre système immunitaire est fort, où votre santé mentale est stable.
Quand vous essayez de forcer votre corps en dessous de ce set point naturel par la restriction chronique, il se défend avec acharnement. Et c'est normal : pour lui, c'est une question de survie. Il ne sait pas que vous vivez dans l'abondance alimentaire du XXIe siècle. Ses circuits neuronaux ancestraux vous crient que vous êtes en danger.
En revanche, quand vous lui fournissez les conditions optimales – sécurité émotionnelle, alimentation suffisante et variée, mouvement régulier et plaisant, sommeil réparateur, gestion du stress, connexions sociales riches –, il tend naturellement vers son équilibre. Cet équilibre peut impliquer une perte de poids si vous étiez au-dessus de votre set point à cause du stress, de l'inflammation, ou d'autres facteurs pathologiques. Ou il peut impliquer une stabilisation à votre poids actuel. Ou même un léger gain si vous étiez en restriction chronique.
L'objectif n'est pas un chiffre arbitraire. C'est l'équilibre fonctionnel.
La Régulation Hormonale : Quand Tout se Remet en Place
Lorsque vous prenez soin de vous de manière globale plutôt que de vous focaliser obsessionnellement sur votre poids, quelque chose de remarquable se produit : vos hormones commencent à se rééquilibrer naturellement.
Le cortisol (l'hormone du stress) diminue progressivement. Votre système nerveux sort du mode "combat ou fuite" permanent et retrouve la capacité de se détendre. Cela prend du temps – parfois plusieurs mois – mais c'est mesurable biologiquement.
La leptine et la ghréline (hormones de la satiété et de la faim) retrouvent leur équilibre. Vous recommencez à sentir votre faim réelle plutôt que les crises de fringale paniquées. Vous pouvez manger jusqu'à satisfaction sans basculer dans l'excès compulsif. La nourriture redevient simplement de la nourriture plutôt qu'une obsession.
L'insuline se régule mieux. Votre sensibilité à l'insuline s'améliore, ce qui réduit le risque de diabète de type 2 et favorise une utilisation équilibrée de l'énergie plutôt qu'un stockage excessif.
Les hormones sexuelles (œstrogènes, progestérone, testostérone) se rééquilibrent. Chez les femmes, les cycles menstruels peuvent se régulariser. La libido, souvent éteinte pendant les périodes de restriction et de stress intense, peut revenir. La fertilité s'améliore.
Les hormones thyroïdiennes fonctionnent de manière optimale. Votre métabolisme de base se normalise. Vous avez plus d'énergie, votre peau s'améliore, vos cheveux sont plus forts, votre température corporelle est stable.
Cette régulation hormonale restaurée permet à votre métabolisme de fonctionner normalement – pas "boosté" artificiellement, mais fonctionnant selon sa propre sagesse. Cela favorise naturellement un retour vers votre poids d'équilibre, quel qu'il soit.
La Flexibilité Métabolique : L'Adaptabilité Retrouvée
Quand votre corps n'est plus en mode "famine" (causé par les régimes restrictifs chroniques) ni en mode "alerte maximale" (causé par le stress permanent), il retrouve ce que les physiologistes appellent la flexibilité métabolique.
Un métabolisme flexible peut :
Utiliser efficacement les différentes sources d'énergie (glucides, lipides, protéines) selon les besoins du moment
Adapter sa dépense énergétique aux situations variées (repos, activité, digestion)
Constituer et utiliser ses réserves de manière équilibrée selon les cycles naturels
Maintenir un poids stable sans effort conscient de contrôle permanent
Cette flexibilité est le signe d'une santé métabolique. C'est très différent de la rigidité métabolique qu'on observe chez les personnes ayant fait de nombreux régimes yo-yo.
Le Temps, Ingrédient Essentiel de la Guérison
Soyons honnêtes et directs : cette approche ne donnera pas de résultats spectaculaires en deux semaines. Elle ne vous fera pas "perdre 10 kilos avant l'été". Elle ne vous transformera pas en quelqu'un d'autre pour votre réunion de famille le mois prochain.
Et c'est justement là sa force, sa crédibilité, sa supériorité.
Les changements durables prennent du temps précisément parce qu'ils impliquent une transformation profonde, systémique, à multiples niveaux :
La guérison des systèmes physiologiques : 3-12 mois pour que vos hormones se rééquilibrent vraiment, que votre microbiote se reconstitue, que votre inflammation diminue, que votre métabolisme retrouve sa flexibilité.
La transformation des patterns psychologiques : 6-24 mois pour développer de nouvelles façons de penser, de nouvelles réponses émotionnelles, de nouveaux automatismes mentaux. Le cerveau peut changer – c'est la neuroplasticité – mais ça demande de la répétition, de la patience, souvent un accompagnement thérapeutique.
La reconstruction de la confiance corporelle : C'est un processus continu qui s'améliore significativement en 12-18 mois mais qui reste un travail de toute une vie. Apprendre ou réapprendre à faire confiance à son corps après des années ou des décennies de guerre contre lui ne se fait pas en un claquement de doigts.
L'adaptation de votre environnement social : Variable selon votre situation, mais généralement 6-12 mois pour modifier des dynamiques relationnelles, poser de nouvelles limites, créer de nouveaux réseaux de soutien, parfois changer de travail ou de situation de vie.
Cette temporalité peut sembler décourageante, surtout quand les régimes vous promettent des résultats rapides. Pourtant, réfléchissez vraiment : combien d'années – parfois de décennies – avez-vous passées à essayer de perdre du poids par la restriction ? Combien de cycles de régime-reprise de poids-culpabilité-nouveau régime-échec-honte avez-vous traversés ?
Si vous totalisez tout ce temps, toute cette énergie, toute cette souffrance investis dans des approches qui n'ont jamais fonctionné durablement, ne vaut-il pas la peine d'essayer quelque chose de différent, même si ça prend 12-24 mois ?
Cette approche vous demande du temps, oui. Mais c'est un temps investi dans une vraie guérison, pas dans un énième cycle voué à l'échec. C'est un temps où vous apprenez, où vous vous reconstruisez, où vous découvrez qui vous êtes en dehors de l'obsession pondérale. C'est un temps qui vous rend votre vie.
Les Fausses Objections et les Vraies Réponses
Après quinze ans de pratique clinique, j'ai entendu à peu près toutes les objections possibles à cette approche. Certaines sont légitimes et méritent des réponses nuancées. D'autres sont des internalisations de discours grossophobes qu'il faut déconstruire avec bienveillance. Voici les plus fréquentes.
"Mais mon poids met ma santé en danger !"
C'est probablement l'objection que j'entends le plus souvent, et c'est une préoccupation légitime qui mérite une réponse approfondie et nuancée, pas un slogan simpliste.
Oui, certaines complications médicales (diabète de type 2, apnée du sommeil, problèmes articulaires, certains cancers) sont statistiquement corrélées à un poids élevé. Ces corrélations sont réelles et documentées. Je ne les nie pas.
Mais – et c'est un "mais" majuscule –, corrélation n'est pas causalité. Cette distinction n'est pas de l'ergotage académique, elle change tout dans l'approche thérapeutique.
La relation n'est généralement pas causale mais multifactorielle. Le poids élevé et les complications de santé sont très souvent tous deux des symptômes d'une ou plusieurs causes communes : inflammation chronique, déséquilibres hormonaux, stress chronique, sédentarité forcée, alimentation de mauvaise qualité due à la précarité, exposition à des polluants environnementaux, etc.
Traiter uniquement le poids sans traiter ces causes sous-jacentes est non seulement voué à l'échec, mais peut même aggraver la situation. C'est exactement ce que montrent les données sur le weight cycling.
La restriction aggrave souvent les marqueurs de santé. Les études montrent que les cycles répétés de perte/reprise de poids (weight cycling ou yo-yo dieting) sont plus dangereux pour la santé cardiovasculaire qu'un poids stable même élevé. Ces cycles augmentent l'inflammation, perturbent le métabolisme, favorisent la résistance à l'insuline, et sont associés à une mortalité accrue.
Les rechutes dans les troubles alimentaires sont d'ailleurs souvent déclenchées par des tentatives de régime prescrites par des médecins bien-intentionnés mais mal informés. Le remède devient alors pire que le mal.
La santé métabolique prime sur le poids. Vous pouvez être métaboliquement en bonne santé à un poids élevé si vous prenez soin de vous : activité physique régulière et plaisante, alimentation variée et suffisante, gestion du stress, sommeil de qualité, connexions sociales riches, pas de tabac. C'est ce qu'on appelle le phénotype "Metabolically Healthy Obese" dans la littérature.
Inversement, vous pouvez être métaboliquement malade à un poids "normal" ou bas si vous êtes sédentaire, stressé chroniquement, mal nourri, isolé socialement. Le poids n'est qu'un marqueur parmi d'autres, et pas le plus fiable.
L'approche bienveillante améliore réellement la santé. Les études sur les approches "Health at Every Size" (HAES) montrent des améliorations significatives et durables des marqueurs de santé – glycémie, tension artérielle, lipides sanguins, condition physique, santé mentale – sans nécessairement de perte de poids, et avec un taux d'adhésion bien supérieur aux régimes restrictifs.
C'est notamment le cas pour l'accompagnement de l'obésité dans une approche non-stigmatisante qui se concentre sur les comportements de santé plutôt que sur le chiffre de la balance.
Si votre médecin vous parle de risques pour la santé liés à votre poids, demandez-lui très précisément : "Quels comportements puis-je adopter pour améliorer ma santé métabolique, indépendamment de ce que fera la balance ?" La réponse – activité physique, alimentation variée, gestion du stress, sommeil de qualité – sera probablement très proche de l'approche que je décris dans cet article.
"Mon médecin me dit que je DOIS perdre du poids"
Malheureusement, la grossophobie médicale est une réalité massive, documentée, et dévastatrice. De nombreux médecins – pas tous, heureusement, mais beaucoup trop – ont été formés avec des paradigmes dépassés qui considèrent le poids uniquement comme un problème de "volonté" ou de "calories entrantes vs calories sortantes".
Cette formation initiale défaillante, combinée aux biais culturels massifs contre les personnes grosses, crée une médecine souvent maltraitante. Comprendre les origines et mécanismes de la grossophobie aide à se protéger intellectuellement et émotionnellement de ces discours nocifs.
Les données scientifiques récentes – ignorées par beaucoup de praticiens – montrent pourtant que :
Le poids est déterminé à 40-70% par la génétique. Vous n'avez pas plus choisi votre poids de set point que vous n'avez choisi votre taille ou la couleur de vos yeux.
Les facteurs environnementaux et sociaux jouent un rôle majeur. La précarité, le stress chronique, l'exposition à des perturbateurs endocriniens, le manque d'accès à des espaces sûrs pour bouger, la qualité du sommeil, etc. – tous ces facteurs échappent largement au contrôle individuel.
Le métabolisme s'adapte aux restrictions en ralentissant. C'est de la physiologie de base, pas de la paresse.
La santé mentale est aussi importante que la santé physique. Un régime qui "réussit" à vous faire perdre du poids mais qui vous rend anxieux, dépressif, obsessionnel, et socialement isolé n'a pas amélioré votre santé – il l'a détériorée.
Vous avez le droit absolu de chercher un professionnel de santé qui pratique une approche bienveillante, non-diet, et basée sur les données scientifiques actuelles plutôt que sur les préjugés. Ces professionnels existent. Les diététiciens spécialisés en troubles du comportement alimentaire, formés aux approches HAES et à la diététique éthique, peuvent vous accompagner de façon véritablement respectueuse.
Si un médecin vous traite différemment à cause de votre poids – s'il refuse de vous examiner vraiment, s'il attribue tous vos symptômes à votre poids sans investigation, s'il vous prescrit un régime avant même de poser un diagnostic – vous avez le droit de changer de médecin. Vous méritez d'être soigné avec respect et compétence.
"J'ai déjà tout essayé, ça ne marche pas pour moi"
Si vous avez "tout essayé" côté régimes et restrictions et que ça n'a jamais marché durablement – si vous avez fait dix, quinze, vingt régimes différents et que vous pesez aujourd'hui plus qu'au début de votre premier régime –, c'est justement le signe le plus clair possible que cette approche n'est pas adaptée.
Vous n'avez pas échoué. Les méthodes ont échoué. Avec un taux d'échec de 95% à long terme, ce ne sont pas les individus qui sont défaillants, c'est le paradigme qui est défaillant.
Même après 10 ans de troubles alimentaires, la guérison reste possible avec la bonne approche. J'ai accompagné des personnes qui souffraient depuis 15, 20, 30 ans. La guérison a pris du temps – parfois 2-3 ans de travail intensif – mais elle est venue. Parce qu'on a traité les causes, pas juste le symptôme visible.
L'approche bienveillante du "prendre soin de soi d'abord" n'est pas juste une autre méthode à cocher sur votre liste d'essais. C'est un changement de paradigme fondamental. Vous passez de :
Combattre votre corps → Écouter et collaborer avec votre corps
Contrôler votre alimentation avec des règles externes → Nourrir vos besoins selon des signaux internes
Punir vos "écarts" → Comprendre vos comportements avec compassion
Chercher la perfection pondérale → Accepter votre humanité imparfaite
Cette approche fonctionne précisément parce qu'elle sort du paradigme qui vous a fait souffrir pendant des années. Elle est d'ailleurs particulièrement efficace pour les hommes souffrant de troubles alimentaires, population souvent invisible dans le discours sur les TCA et qui reçoit rarement l'aide appropriée.
Conclusion : L'Invitation à la Paix
Sortir de la Tempête est Possible
Vous n'êtes pas condamné à passer le reste de votre vie à écoper frénétiquement pendant que la tempête continue de faire rage autour de vous. Vous n'êtes pas destiné à répéter éternellement les mêmes cycles douloureux de restriction-compensation-culpabilité-nouvelle tentative.
Vous pouvez faire un choix différent. Aujourd'hui. Maintenant. Vous pouvez choisir de :
Identifier vos tempêtes avec honnêteté et compassion : Qu'est-ce qui fait vraiment rage dans votre vie ? Est-ce du stress professionnel ? Un traumatisme non résolu ? Une inflammation chronique ? Des déséquilibres hormonaux ? Des conditions de vie difficiles ? Un environnement social toxique ?
Sortir de ces tempêtes en cherchant activement l'aide appropriée, en traitant les causes à leur racine, en transformant ce qui peut l'être dans votre environnement, en développant de nouvelles ressources internes.
Réparer votre coque avec patience et détermination : Restaurer votre sommeil, reconstruire votre relation à la nourriture selon une approche éthique, retrouver le plaisir du mouvement, réinvestir vos connexions sociales.
Faire confiance – peut-être la partie la plus difficile – à la capacité de votre corps à retrouver naturellement son équilibre dans des conditions optimales. Accepter de lâcher le contrôle obsessionnel pour permettre à la régulation naturelle de s'opérer.
Ce chemin n'est pas facile. Il serait malhonnête de ma part de prétendre le contraire. Il demande du courage pour aller à contre-courant de tous les messages sociaux. Il demande de la patience dans une culture de gratification immédiate. Il demande souvent du soutien professionnel qualifié et bienveillant.
Mais contrairement aux régimes qui vous promettent des transformations rapides et spectaculaires avant de vous laisser plus mal en point, plus lourd, plus désespéré qu'avant, cette approche vous mène vers une vraie guérison. Une guérison qui dure. Une guérison qui vous rend votre vie.
Vous N'Êtes Pas Seul(e) : Une Communauté de Résistance
Si ce que vous venez de lire résonne profondément en vous, si vous vous reconnaissez dans cette description du bateau dans la tempête, si vous en avez assez de vous battre contre votre propre corps, sachez que vous n'êtes pas seul(e). Absolument pas.
Des milliers de personnes entreprennent chaque jour ce chemin vers une relation plus apaisée, plus respectueuse, plus collaborative avec leur corps et leur alimentation. Vous pouvez, vous aussi, sortir de ce monde où règne la grossophobie et retrouver votre pouvoir, votre autonomie, votre joie de vivre.
En consultation à Paris (cabinet dans le 6ème arrondissement, le 20ème, et à Le Raincy en Seine-Saint-Denis), j'accompagne quotidiennement des personnes exactement dans cette démarche. Je ne vous promets pas de miracle pondéral. Je ne vous promets pas que vous pèserez X kilos dans Y mois. Ce serait vous mentir, et je refuse de perpétuer ces mensonges confortables mais destructeurs.
Ce que je vous propose, c'est un accompagnement pour :
Comprendre les causes systémiques réelles de vos difficultés, au-delà du symptôme visible
Construire une relation véritablement bienveillante et collaborative avec votre corps
Développer une alimentation qui vous nourrit vraiment – physiquement, émotionnellement, socialement – selon les principes d'une rééducation alimentaire respectueuse et efficace
Restaurer vos mécanismes de régulation naturelle que les années de régimes ont peut-être endommagés
Vous reconnecter à votre sagesse corporelle, cette intelligence ancestrale que nous avons tous mais que notre culture nous apprend à ignorer
Le chemin de la guérison ne passe pas par la guerre contre votre corps. Il ne passe pas par le contrôle obsessionnel, la méfiance permanente, la punition des "écarts". Il passe par la paix, la compréhension, la compassion, et une confiance progressive.
Que vous souffriez d'anorexie mentale avec toute sa rigueur implacable, de boulimie et son cycle dévastateur, d'hyperphagie boulimique et sa honte paralysante, d'ARFID et ses particularités sensorielles, ou simplement d'une relation compliquée et douloureuse avec votre corps dans un monde structurellement grossophobe, sachez qu'une autre voie existe.
Cette voie n'efface pas la souffrance du passé. Elle ne rend pas le parcours facile. Mais elle offre quelque chose d'infiniment précieux : la possibilité d'une vraie guérison. D'une vie où la nourriture redevient simplement de la nourriture. Où votre corps redevient un allié, pas un ennemi. Où vous pouvez investir votre énergie et votre intelligence remarquables dans des projets qui vous tiennent vraiment à cœur, plutôt que de les gaspiller dans une guerre sans fin contre vous-même.
Vivre et manger sont les deux faces de la même pièce. Allégez votre relation à l'alimentation et libérez-vous de ce qui vous dessert !
📚 SOURCES ET RÉFÉRENCES
Sources Officielles et Associations Spécialisées
Haute Autorité de Santé (HAS)
Recommandations sur la prise en charge des troubles du comportement alimentaire (2019)
Fédération Française Anorexie Boulimie (FFAB)
Données sur la prise en charge globale des TCA
Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Classification internationale des troubles et facteurs de risque
Études Scientifiques de Référence
Mann, T., et al. (2007). "Medicare's search for effective obesity treatments: Diets are not the answer." American Psychologist, 62(3), 220-233.
Méta-analyse démontrant l'échec des régimes restrictifs à long terme
Bacon, L., & Aphramor, L. (2011). "Weight science: Evaluating the evidence for a paradigm shift." Nutrition Journal, 10(9).
Revue systématique sur l'approche Health at Every Size
Tomiyama, A. J., et al. (2018). "How and why weight stigma drives the obesity 'epidemic' and harms health." BMC Medicine, 16(1), 123.
Impact de la stigmatisation pondérale sur la santé
Montani, J. P., et al. (2015). "Dieting and weight cycling as risk factors for cardiometabolic diseases." Obesity Reviews, 16(S2), 7-18.
Dangers du weight cycling (cycles de perte/reprise de poids)
van der Kolk, B. (2014). "The Body Keeps the Score: Brain, Mind, and Body in the Healing of Trauma."
Inscription corporelle des traumatismes
Daubenmier, J., et al. (2016). "Effects of a mindfulness-based weight loss intervention in adults with obesity." Obesity, 24(4), 794-804.
Efficacité des approches basées sur la pleine conscience
Schvey, N. A., et al. (2014). "The impact of weight stigma on caloric consumption." Obesity, 22(9), 1959-1961.
Effets de la stigmatisation sur les comportements alimentaires
Données sur les Déséquilibres Physiologiques
McEwen, B. S., & Karatsoreos, I. N. (2015). "Sleep Deprivation and Circadian Disruption: Stress, Allostasis, and Allostatic Load." Sleep Medicine Clinics, 10(1), 1-10.
Impact du sommeil sur le métabolisme
Sinha, R., & Jastreboff, A. M. (2013). "Stress as a common risk factor for obesity and addiction." Biological Psychiatry, 73(9), 827-835.
Rôle du stress chronique dans la prise de poids
Gesing, J., et al. (2018). "The relationship between stress and eating disorders in women with PCOS." Endokrynologia Polska, 69(1), 93-98.
SOPK et comportements alimentaires
Approches Thérapeutiques Bienveillantes
Tylka, T. L., et al. (2014). "The weight-inclusive versus weight-normative approach to health: Evaluating the evidence for prioritizing well-being over weight loss." Journal of Obesity, 2014, 983495.
Comparaison des approches centrées sur le bien-être vs le poids
Tribole, E., & Resch, E. (2012). "Intuitive Eating: A Revolutionary Program that Works." 3rd Edition.
Fondements de l'alimentation intuitive
Puhl, R. M., & Heuer, C. A. (2010). "Obesity stigma: Important considerations for public health." American Journal of Public Health, 100(6), 1019-1028.
Impact de la stigmatisation sur la santé publique
Neurobiologie et Régulation Pondérale
Schwartz, M. W., et al. (2017). "Obesity pathogenesis: An Endocrine Society scientific statement." Endocrine Reviews, 38(4), 267-296.
Mécanismes complexes de la régulation pondérale
Sumithran, P., et al. (2011). "Long-term persistence of hormonal adaptations to weight loss." New England Journal of Medicine, 365(17), 1597-1604.
Adaptations hormonales durables après restriction


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